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Introduction au film Amadeus
Mozart ! Mozart ! Pardonne-moi, Mozart ! Pardonne à ton assassin ! Je l’avoue, je t’ai tué, Mozart ! Oui, je t’ai tué ! Pitié ! Pitié ! Pardonne-moi, Mozart ! Antonio Salieri (F. Murray Abraham) tente de mettre fin à ses jours. Déjà meurtri d’être tombé dans l’oubli, l’ancien compositeur officiel de l’Empereur Joseph II (Jeffrey Jones) n’a plus la force de supporter le fardeau du crime qu’il a commis dans sa jeunesse. Le souvenir de sa victime le hante comme un spectre de la Tragédie Elisabéthaine. Cet « homme d’honneur », proche cousin des suppôts de Brutus que Marc Antoine fustige dans le Jules César de Shakespeare, succombe lentement à sa propre abomination. Il a occis l’immortel auteur de L’enlèvement au sérail (Tom Hulce) au nom de la plus vile, de la plus dérisoire, de la plus injustifiable jalousie.
A peine Amadeus a-t-il débuté que la Critique nous impose un arrêt sur image. Le film prétend reconstituer l’Histoire, mais sous le vernis flatteur de ses nobles intentions, il trahit effrontément la Vérité. Salieri n’a jamais été l’ennemi juré de Mozart. Il n’a pas davantage été son assassin. Huit Oscars n’y peuvent rien changer, Milos Forman a fait injure à l’honnêteté. Le Tribunal de la Raison lui accordera au mieux une circonstance atténuante : sa fresque souffre des tares congénitales du Cinéma, Art du raccourci dont l’enjeu n’est pas tant la Réalité que la Crédibilité. Michel Onfray peut se réjouir, ses thèses ont reçu la validation objective de l’Intellect. Le philosophe s’est offusqué à bon escient, dans les premières pages de sa biographie consacrée à Friedrich Nietzsche. Nul ne peut tolérer que le prisme du Grand Ecran torde à sa guise la courbe des faits. Souscrire à pareille géométrie reviendrait à ouvrir la porte aux aberrations du Révisionnisme. Ce serait autoriser, dans un siècle ou dans mille ans, les esprits les moins scrupuleux à décrire Hitler comme un peintre inoffensif.
L’argumentaire semble infaillible. Il nous enjoint de jeter Amadeus aux oubliettes de la Pensée. Une œuvre doit-elle pour autant être mise à l’index au seul motif qu’elle est affligée d’un défaut ? La question est légitime et insinue le doute dans la conscience du Spectateur. Le trouble se change en pur scepticisme quand l’œil s’aventure au-delà de la contrition inaugurale d’Antonio Salieri. Le film de Forman, vu dans son ensemble, offre en effet un spectacle d’une rare qualité…
Fils d’un professeur Juif et d’une mère Protestante, Milos Forman voit ses parents mourir dans les camps d’extermination Nazis. Il survit à cette tragédie grâce au soutien de sa proche famille. En 1951, le jeune homme intègre la FAMU, école de Cinéma fondée à Prague au lendemain de la seconde guerre mondiale. Quatre années d’études l’initient aux métiers de l’Audiovisuel et lui ouvrent les portes de la Télévision. Les réalisateurs Martin Fric et Ivo Novala lui demandent d’écrire le scénario de leur dernier film. Alfred Radok, l’une des plus grandes vedettes du Théâtre Tchécoslovaque, fait de lui son assistant sur le tournage de Grand-père automobile (Dedecek automobil). Ces sollicitations honorifiques, auxquelles s’ajoute une collaboration avec Pavel Blumenfeld sur Tam za lesem, lui permettent de concevoir deux courts-métrages : Concours (Konkurs) et S’il n’y avait pas ces guinguettes (Kdyby ty muziky nebyly). Un premier long-métrage vient couronner ces galops d’essais en 1963. Chronique des désillusions d’un adolescent qui entre dans la vie active, l’œuvre s’intitule L’as de pique (Cerny petr).
Milos Forman est un enfant des totalitarismes du XXè siècle. Victime du Nazisme, il a grandi et fait ses premières armes à l’ombre du Communisme. Vol au-dessus d’un nid de coucou (One Flew Over the Cuckoo’s Nest) porte le sceau de ces expériences douloureuses. Plongée symbolique dans le quotidien aliénant d’un hôpital psychiatrique, le film est en effet une condamnation implicite du Goulag Soviétique. Il constitue également une mise en garde voilée à l’attention de l’Amérique, porte-drapeau de la Démocratie traversé, ça et là, par des tentations liberticides.
Cet esprit critique est l’un des traits dominants de Milos Forman. De ses débuts dans le Bloc de l’Est à son épanouissement aux Etats-Unis, nation dont il est devenu citoyen en 1977, le réalisateur a constamment soumis ses contemporains à l’épreuve de la satire. Hair, Valmont ou encore, Larry Flynt (The People Vs Larry Flynt), ont été autant de défis au conformisme de son époque.
En dépit de son goût proverbial pour les rebelles, Milos Forman a été maintes fois célébré par « l’Establishment ». Après avoir glané cinq Oscars pour Vol au-dessus d’un nid de coucous, l’apôtre des mal-pensants en a ainsi reçu huit autres pour Amadeus. Cette « vie de Mozart » est à n’en pas douter son œuvre la plus fascinante. Véritable paradoxe sur pellicule, elle accomplit le prodige de proposer une réflexion de grande envergure à partir d’une vision totalement faussée d’un épisode historique. Elle fait d’une aberration scientifique une merveille artistique. En cela, elle défie les grilles de lecture de la Critique et témoigne du génie de son auteur.
- Courts et moyens-métrages
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